Les vins à forte personnalité (3/3) : « les terroirs doivent reconquérir l’espace de la sensibilité » J-M Deiss

Vinosciences Bourgogne : 200 professionnels de la filière viticole à l’écoute des chercheurs

Le Pôle Technique et Qualité du BIVB souhaite constituer une véritable passerelle entre le monde de la recherche et les vignerons bourguignons : « la recherche et l’expérimentation, dans le secteur de la vigne et du vin, doivent répondre à des problématiques de terrain et travailler à l’amélioration continue de la qualité des vins de Bourgogne. » Aussi, pour permettre à ces deux univers de se rencontrer et d’échanger, les premières « Vinosciences de Bourgogne » ont eu lieu la semaine dernière au Palais des Congrès de Beaune devant près de 200 professionnels de la filière viticole.

Une table ronde animée par Antoine Gerbelle consacrée « aux vins à forte personnalité »

Après une matinée très enrichissante de mini conférences, Antoine Gerbelle, journaliste à la Revue du Vin de France et parrain de cette première édition, a animé une table ronde dédiée « aux vins à forte personnalité », réunissant différents acteurs de l’univers du vin (cavistes, viticulteurs, experts marketing, historiens, acheteurs…). Les intervenants et participants ont pu ainsi partager leur point de vue et leur expérience sur ce sujet d’actualité. « 

« Les terroirs doivent reconquérir l’espace de la sensibilité » J-M Deiss

« Si il existe, à l’opposé du spectre, des vins dits à forte personnalité, c’est aussi peut-être en réaction contre l’impossibilité que le terroir s’exerce dans ce qu’il a de particulier : c’est qu’il requiert une sensibilité du vigneron. Dans le terroir il y a le facteur humain, ce n’est pas que de la géologie, de la pédologie, du cépage etc…Il y a le facteur humain et la compréhension individuelle et collective d’un patrimoine. Les terroirs doivent reconquérir pour moi l’espace justement de la sensibilité en s’adressant aussi au consommateur.(…) Moi je demande juste une chose : quand un consommateur achète une bouteille, il doit pouvoir savoir facilement si c’est un produit qui appartient à une pratique, une idéologie industrielle ou si c’est un produit qui requiert et qui passe à travers le filtre, l’effort, la soumission à une sensibilité. »

« Je sais que dans un grand vin, il n’y a que du déterminisme » J-P Gervais

« Je sais que dans un grand vin, il n’y a que du déterminisme. Après ce qu’on met dedans et les outils qu’on sollicite, c’est une question d’approche personnelle. On peut traverser l’Atlantique avec un sextant sans GPS, c’est pas la question ; il y a le but et il y a la façon d’y aller. J’ai entendu parler de vin industriel, on aurait pu aussi dire qu’il y a eu une standardisation des vins… Mais on est parti d’où dans les années trente ? On est parti de vins qui ont été présentés sur le marché qui n’étaient même pas l’image de ce qu’ils voulaient montrer.(…) A un moment il a bien fallu revendiquer et développer de la technologie et des acquisitions scientifiques. Alors forcément cela a amené une standardisation mais une standardisation vers le haut parce que justement c’est à partir de l’élimination des vins avec des défauts patents qu’on a pu permettre à tout à chacun ensuite de s’exprimer et de pouvoir gérer. »

Voir la partie 1 et la partie 2 de la table ronde

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