Vin et religion : et si finalement c’était un raisin qu’Adam et Eve avaient croqué au lieu d’une pomme ?

L’âme du vin. Symbolisme et spiritualité dans les trois religions

A l’occasion de la sortie du livre de Georges Ferré, « L’âme du vin. Symbolisme et spiritualité dans les trois religions » ( Editions Dervy), Jacques Munier a consacré sa chronique sur France Culture à la place du vin dans les religions : « il se trouve que les plus anciennes traces de vinification ont été découvertes sur les flancs de la montagne que les Arméniens appelaient aussi Masis. De là, la culture de la vigne se serait répandue par les vallées du Tigre et de l’Euphrate à travers tout le Moyen-Orient, réjouissant les humains mais les exposant aux dangers de l’ivresse. »

L’ivresse sacrée, l’ivresse mystique ou ce que Jésus appelait la « sobre ivresse »

« Noé, le cultivateur, commença à planter la vigne. Ayant bu du vin, il fut enivré et se dénuda sous sa tente ». L’ivresse sacrée, l’ivresse mystique ou ce que Jésus appelait la « sobre ivresse », si elle prend modèle sur celle que procure le breuvage des libations, ne peut être confondue avec la beuverie. D’autant plus qu’aux yeux des religions révélées, le vin n’est pas une boisson comme une autre, il est d’origine divine, une réminiscence de la Terre promise lors de la bénédiction du sabbat juif, le symbole du sang versé par le Christ en rémission de nos péchés et le nectar réservé aux élus dans le paradis d’Allah. C’est cette histoire symbolique du vin dans les trois religions et civilisations du Livre que nous raconte Georges Ferré. »

Le jus de la treille concentre le meilleur et le pire

« Le Talmud de Babylone prétend même que ce n’est pas de la pomme mais bien du raisin qu’il s’agirait lors de la fatale consommation du fruit de la connaissance du bien et du mal. Et de fait, le jus de la treille concentre le meilleur et le pire. Selon la valeur numérique des lettres en hébreu, le mot vin – « yayin » – correspond au chiffre 70, tout comme le mot « sod », qui signifie le secret, la connaissance suprême. Boire du vin, c’est donc en quelque sorte atteindre le secret de la sagesse divine. Mais ce que révèle en filigrane l’histoire de Noé, c’est le versant démoniaque et orgiaque du vin. Lorsqu’on nous dit qu’enivré, il « se dénuda », c’est un euphémisme pour dire qu’il s’est adonné à la luxure, en l’occurrence à l’inceste, comme le suggère le Lévitique ».

« La nuit dernière, j’ai vu les anges qui frappaient à la porte du cabaret »

« En Islam, la prohibition, qui tient dans deux versets du Coran, est semble-t-il consécutive aux beuveries de proches du Prophète et dont il aurait été témoin. « N’approchez pas de la prière alors que vous êtes ivres », édicte l’un de ces versets, ce qui laisse à penser que le fait devait être fréquent. Mais à part ça, quelle débauche de célébrations dans la poésie, d’Abu Nawas à Omar Khayam, ce qui laisse supposer que l’interdit aura eu du mal à s’imposer. Du grand poète persan Hâfiz de Shiraz, un souvenir pour conclure : « La nuit dernière, j’ai vu les anges qui frappaient à la porte du cabaret ».

Ecouter la chronique de Jacques Munier sur France Culture

Su vous souhaitez rencontrer Georges Ferré, celui-ci donnera plusieurs conférences en France :

  • Médiathèque de Béziers : 24 octobre
  • Limoux : Vin et Religions : 20 octobre, dans le cadre du Salon « Terroir, biodiversité, viticulture », organisé par le Club Entreprendre.
  • Médiathèque de Perpignan et Librairie Torcatis le 19 janvier.

Commentaires

  1. guigui dit:

    Bjr,
    Il me semble que sur deux points cités plus haut il y aurait quelques raccourcis.
    Au sujet de la pomme ou du raisin consommé par Adam et Eve :
    Il y a beaucoup de mots qui ont la même valeur numérique que le mot secret (70) et de plus s’il sagit de raisin il ne s’agit pas de vin.
    Au sujet de Noé :
    La nudité citée dans le texte fait probablement référence à une nudité spirituelle.
    P Guigui

Exprimez-vous!