Les vins à forte personnalité (2/3) : jusqu’où le vigneron peut-il aller en Bourgogne pour exprimer sa personnalité ?

Vinosciences Bourgogne : 200 professionnels de la filière viticole à l’écoute des chercheurs

Le Pôle Technique et Qualité du BIVB souhaite constituer une véritable passerelle entre le monde de la recherche et les vignerons bourguignons : « la recherche et l’expérimentation, dans le secteur de la vigne et du vin, doivent répondre à des problématiques de terrain et travailler à l’amélioration continue de la qualité des vins de Bourgogne. » Aussi, pour permettre à ces deux univers de se rencontrer et d’échanger, les premières « Vinosciences de Bourgogne » ont eu lieu la semaine dernière au Palais des Congrès de Beaune devant près de 200 professionnels de la filière viticole.

Une table ronde animée par Antoine Gerbelle consacrée « aux vins à forte personnalité »

Après une matinée très enrichissante de mini conférences, Antoine Gerbelle, journaliste à la Revue du Vin de France et parrain de cette première édition, a animé une table ronde dédiée « aux vins à forte personnalité », réunissant différents acteurs de l’univers du vin (cavistes, viticulteurs, experts marketing, historiens, acheteurs…). Les intervenants et participants ont pu ainsi partager leur point de vue et leur expérience sur ce sujet d’actualité.

Le consommateur de vin est en recherche de diversité et d’informations

Pour Joelle Brouard, directrice de l’Institut de Management du Vin à l’Ecole Supérieure de Commerce de Dijon, le consommateur a pour le vin de nouvelles exigences : « Aujourd’hui on n’a plus de mauvais vins, on a des vins qui sont de qualité. Donc on est plus exigeant, on veut encore plus, donc des vins de différenciation et donc des vins qui nous permettront peut-être quand on est entre amis de pouvoir dire – voilà ce vin là, tu ne le connais pas, il est fait comme ceci, il est fait comme cela, il vient de là et celui qui l’a fait, il est comme cela – C’est une démarche de diversité. » Le caviste Olivier Roblin a repéré également que sa clientèle est en recherche de plus d’informations : comme dans son assiette, le client souhaite savoir ce qu’on met dans le vin qu’il achète.

Jusqu’où le vigneron peut-il aller aujourd’hui en Bourgogne pour exprimer sa personnalité ?

Jean-Philippe Gervais, directeur du Pôle Technique et Qualité du BIVB, pense qu’il y a deux choses qui ne s’opposent pas mais qui se complètent : « il y a d’un côté des gens qui sont sur du marketing de la demande et auquel cas oui, il faut un cadre normé ; on les met dans une obligation de plus de moyens. Ensuite il y a des gens qui échappent à cela et qui sont donc sur des visions plus esthétiques, et auquel cas ces vins là n’ont pas de prix, ils ont une cotation, on est sur du marché de l’art, donc on est sur des choses qui sont beaucoup plus subjectives. »

On ne donne pas Proust à lire à un enfant de dix ans car il n’aura jamais envie de le lire

« Quand on parle des vins à forte personnalité, on parle forcément à des consommateurs qui sont éduqués. On ne donne pas Proust à lire à un enfant de dix ans car il n’aura jamais envie de le lire, donc même chose pour ces vins là. Toute la question est là, à la fois par la responsabilité qu’on peut avoir dans l’éducation du consommateur, et dans le fait de responsabiliser le producteur, en se disant qu’à priori, si il a une tête bien faite et les idées claires sur ses objectifs et les potentialités de sa structure, libre à lui de pouvoir faire ce qu’il veut à partir du moment qu’il trouve un consommateur qui le valorise. On est au bout de l’application  de la norme au sens où elle a été définie aujourd’hui, parce que cette norme voulait s’intéresser à des contrôles de produits, qui par leur nature, échappent à leur cadre d’application. »

Voir la première partie de la table ronde des vins à forte personnalité

 

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