Le métier de vigneron…un artiste en équilibre sur le fil tendu de la rentabilité dans un cirque médiatique

Dur retour sur terre

La France semble être atteinte d’une vague de sinistrose qui n’a pas épargné le petit monde du vin sur internet. Alors que les blogueurs et les blogueuses du vin débattent de l’utilité et de la futilité de faire partager chacun à sa manière son « amitié » pour ceux qui font le vin, on vient d’apprendre que le vigneron Olivier B., figure assez charismatique et grand fan d’Yves Jamait, avait décidé de « jeter l’éponge » en ce début d’année. Bien que le personnage et ses vins soient appréciés, les difficultés sont là et Olivier B. a décidé de « stopper les frais ».

En équilibre entre l’artistique et l’économique

Vigneron est sans doute l’un des plus beaux métiers comme l’un des plus ingrats. A la fois créateur et vendeur de vin, le vigneron doit savoir rester en équilibre sur le fil tendu de la rentabilité. Parfois tout se passe bien avec un millésime de rêve et parfois la traversée se révèle être un cauchemar avec des difficultés parfois insurmontables. Les sociétés d’entraides que l’on voit défiler le jour de la Saint-Vincent sont là pour nous rappeler que la solidarité entre vignerons ne date pas d’hier: un décès, une maladie ou un accident et les collègues étaient présents pour soutenir le vigneron dans une mauvaise passe.

En solo dans le grand cirque médiatique

Savoir faire un bon vin n’est pas suffisant pour réussir à le vendre. Le vigneron a besoin de se faire connaître, d’avoir un réseau et les blogueurs du vin participent modestement à amplifier le signal. Mais ce n’est visiblement pas suffisant car il y a beaucoup de bruits dans les médias et en particulier sur le web. Dans cette immense tour de babel numérique, tout le monde parle en même temps dans son coin à son petit réseau. Avant l’internet, peu de gens avaient accès à l’espace médiatique et l’on est passé aujourd’hui d’un marché de masse à une masse de niches qui tente de communiquer. A l’intérieur des grandes régions viticoles françaises chaque domaine essaie d’exister médiatiquement avec ses moyens plus ou moins importants comme un site, un blog, une présence sur les réseaux sociaux etc…

Les derniers seront peut-être aussi les premiers

Internet offre une chance nouvelle à saisir: il y a de la place pour tout le monde! Autant les ondes radios, les fréquences hertziennes sont saturées et ne peuvent plus accueillir de nouveaux acteurs, autant le web est extensible à l’infini. Chacun peut s’y faire sa place, se faire connaître et être relayé par d’autres et finir peut-être par atteindre une visibilité et une notoriété suffisante pour espérer ne plus parler dans le vide et vendre le meilleur des vins.

Comme cette histoire par exemple qui vient d’arriver à Ted Williams, sans abri aux Etats-Unis, dont la vidéo filmée par un automobiliste a été vue plus de trois millions de fois sur Youtube en 24H. Ted Williams, surnommé désormais  »l’homme à la voix d’or », s’est vu offrir un contrat de présentateur dans une grande équipe de basket, sur la chaine MTV et sur de grandes stations de radios. Une belle histoire qui redonne un peu le sourire…

A lire aussi le très bel article de Philippe Rapiteau du blog la Pipette aux 4 vins

Commentaires

  1. Iris dit:

    Conclusion: passons sur youtube pour »atteindre une visibilité et une notoriété suffisante pour espérer ne plus parler dans le vide et vendre le meilleur des vins. »? Ou espérons d’apparaître ans un manga, repris par une série télévisée? ou apprenons, de tailler nos vigne avec les pieds;-)? Montrer les poils sous les bras -ou mieux pas;-)? Va falloir faire encore de la gymnastique sur le Web, pour y arriver en 2011….

  2. @Iris: le buzz est un gros coup d’accélérateur qui arrive rarement dans une vie médiatique (la belle ou drôle histoire que raconte tout le monde au même moment) mais la visibilité quotidienne que donnent les blogs de vignerons et d’amateurs de vin permet modestement de faire connaitre les uns et les autres. Reste le problème de la conversion: comment convertir un lecteur de son blog en acheteur de vins ? Retour à la réalité économique, au pouvoir d’achat etc…

  3. Il me semble tout de même que pour le vin, il y a encore énormément d’espace vide à combler. Vous l’avez vous-même prouvé en moins d’un an sur le net !
    Et puis ok certains laisse tomber, métier ou passion difficile et compliqué mais il y en a qui se jette dedans à pleine dent comme Ivo Ferreira à Montpeyroux, Picot à Chablis, Tortul en Languedoc etc…
    Et que penser des jeunes viticulteurs dont on ne parlera jamais parce qu’ils font du raisin pour une cave ou un négociant : pas de souci de se faire connaitre d’une manière individuelle c’est au moins ça. Il leur faut juste de la volonté, de la résistance et une terre rentable !

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